Salut mes Boucles et Bouclettes !

Aujourd’hui nous repartons dans le milieu de la coiffure, et c’est avec Aline Tacite que nous allons discuter « En Boucle etc…. ».

Aline Tacite est coiffeuse et formatrice, experte en cheveux bouclés, frisés et crépus au naturel. Elle anime régulièrement des ateliers de coaching coiffure privés et des formations auprès des professionnels, aussi bien en France qu’à l’étranger. Elle est aussi depuis peu la nouvelle ambassadrice de la marque Jacques Seban.

Les dates clés du parcours d’Aline :

  • 2004 : Création de l’association Boucles d’Ébène
  • 2005 : 1er Salon événement autour du cheveu naturel, de la beauté et de l’estime de soi des femmes noires et métissées
  • 2011 : Ouverture de Boucles d’Ébène Studio, salon de coiffure dédié au cheveu naturel crépu, frisé, bouclé et aux locks
  • 2018 : Lancement des premières formations pour professionnels

Son crédo : « les cheveux frisés ont besoin d’amour et d’eau fraîche », alors forcément on adore !

BONJOUR ALINE, RACONTEZ-NOUS VOTRE PARCOURS PROFESSIONNEL

Ma sœur et moi avons créé en 2004 l’association Boucles d’Ébène pour valoriser un cheveu qui était invisible dans le panorama français. Suite à un parcours capillaire compliqué pour l’une comme pour l’autre, nous avons décidé d’arrêter de nous défriser les cheveux. Et la difficulté que nous avons eu par la suite à trouver des informations, des produits et des professionnels sur le soin de nos cheveux en France nous a conduit à créer le salon évènementiel Boucles d’Ébène pour la 1ère fois en 2005. L’idée était de partager avec les autres femmes noires et métissées tout ce que nous avions découvert dans notre propre recherche personnelle. C’est en cela que notre événement a été précurseur en France sur la valorisation du cheveu crépu, frisé et bouclé naturel.

On s’est d’ailleurs rapidement rendu compte dès le 1er évènement que l’on touchait à quelque chose de beaucoup plus profond que le cheveu : ça résonnait au niveau de l’identité, au delà d’un simple manque, criant certes, d’informations et de professionnels. Il ne s’agissait plus seulement d’esthétisme, mais vraiment de restaurer l’estime de soi. En magnifiant le cheveu, on participait à l’épanouissement de toutes ces femmes.

Fin 2007, lorsque nous avons réuni 15000 visiteurs sur notre 3ème évènement, j’ai réalisé qu’il fallait que je me professionnalise. Je voulais rendre concrète ma vision, et le marché français se structurait bien trop lentement pour moi. J’ai alors pris la décision d’aller me former à Londres au sein d’une structure spécialisée pour pouvoir revenir proposer en France un service de qualité à toutes ces clientes qui avaient été trop souvent et trop longtemps négligées.

C’est pour ça qu’en 2010, j’ai créé ma structure spécialisée dans les cheveux naturels tout en suivant le parcours de formation coiffure classique français parce que je voulais apprendre à gérer tous types de cheveux. En fait, j’ai fait le choix inverse du parcours classique du coiffeur : aller d’abord me former sur ma priorité pour répondre à ce marché, et ensuite obtenir mon CAP et mon Brevet Professionnel (BP) coiffure en parallèle du développement de mon projet de salon. Cette formation classique était importante pour moi, car même si mon salon de coiffure est spécialisé dans les boucles, il était important pour moi de pouvoir accueillir et coiffer toutes les femmes.

COMMENT DÉFINIRIEZ-VOUS VOTRE HISTOIRE CAPILLAIRE ?

Aujourd’hui mon histoire est super parce que j’aime mes cheveux et je me suis réconciliée avec eux depuis des années. Mais le chemin a été long parce qu’étant plus jeune je rejetais en bloc la spécificité « crépue » de ce cheveu que je trouvais difficile, pas joli et qui m’a beaucoup fait complexer. C’est quand j’ai décidé d’arrêter de me défriser et de me « regarder en face », que le chemin de la réappropriation de mon corps et de l’estime de moi-même a commencé.

Cela a aussi été très vite quand j’ai compris ma propre histoire, et l’expérience Boucles d’Ébène aidant, et voyant le bien fou que cela procurait aux femmes qui venaient à l’évènement, ça m’a aussi beaucoup aidé à me réconcilier avec moi-même. Ça m’a nourrie. D’ailleurs on le vit tous les jours au salon : c’est extraordinaire de voir la transformation physique et psychologique des clients…ça n’a pas de prix !

COMMENT PRENEZ-VOUS SOIN DE VOS CHEVEUX ? QUELLE EST VOTRE ROUTINE CAPILLAIRE ?

J’ai un cheveu crépu très serré de type 4C*, donc le plus serré, très dense et naturellement très sec dans un climat tempéré comme la France. Ma routine est très simple : shampoing et soin hydratant toutes les semaines à 10 jours max. Ensuite cela dépend de comment je veux me coiffer. Soit je les laisse tels quels mais avec une crème très hydratante, ou alors je fais un wash&go** ou encore une optimisation de ma nature de boucles. J’ai choisi les cheveux courts parce que cela me permet de gagner du temps dans ma vie très chargée, et que ça me va bien. Parfois je change en faisant une couleur.

SELON VOUS, QUE FAISONS-NOUS DE TOUT À FAIT INUTILE VOIRE MAUVAIS POUR NOS CHEVEUX ?

La plus grosse problématique pour moi c’est la quantité d’huile que l’on utilise en pensant que l’on hydrate son cheveu. L’huile est nutritive et a des propriétés occlusives, c’est pour cela qu’elle prolonge l’hydratation (encore faut-il que le cheveu le soit au préalable !). Mais mal utilisée, elle empêche l’hydratation de pénétrer, que ce soit pour la peau ou les cheveux. Donc mettre trop d’huile peut être contre-productif. Je ne dis pas qu’il ne faut pas utiliser d’huile, mais qu’il y a une façon de procéder pour que le cheveu soit hydraté en profondeur.

Souvent les clients viennent nous voir et disent « je ne comprends pas, je n’arrête pas de faire des bains d’huile mais mon cheveux est super sec ? ». Dans ces cas-là, on leur répond que justement, il est sec parce qu’ils font des bains d’huile tout le temps. Du coup leur cheveu est totalement saturé et il n’arrive même plus à absorber l’hydratation (apport en eau/agent hydratant). A ce moment là, on est obligé de mettre tout un protocole en place pour que le cheveu redevienne souple et malléable.

ON SAIT QUE LES COMPLEXES SE CONSTRUISENT SOUVENT DÈS NOTRE JEUNE ÂGE. ON SAIT AUSSI QUE VOUS ÊTES TRÈS ENGAGÉE DANS LA TRANSMISSION PARENTS-ENFANTS DES BONNES PRATIQUES DE SOIN. SI VOUS AVIEZ UN MESSAGE À FAIRE PASSER, QUEL SERAIT-IL ?

Cela dépend de l’âge de l’enfant. Après 7-8 ans ce sont souvent les mamans qui s’occupent des cheveux de leurs enfants, donc je m’adresse aux mamans en leur disant de bien garder à l’esprit l’importance du discours qu’elles tiennent devant leurs enfants, filles ou garçons, dès le plus jeune âge. Il faut favoriser un discours ultra positif parce qu’ils entendent et intègrent tout ce que l’on dit sur leurs cheveux et sur eux. Il faut favoriser des paroles comme « tes cheveux sont beaux, on peut en faire plein de choses », etc…

Je leur dis aussi de prendre le temps pour ce type de cheveux, qui oui demande un temps particulier, ce qui ne veut pas non plus dire qu’il demande une journée par semaine. Quand on connaît ce cheveu, cela prend 1h par semaine, 1h30 max (et encore), et si ça prend plus de temps c’est que quelque chose ne va pas dans la routine.

Donc l’objectif est de rester positif et de simplifier au maximum la routine pour que ce soit un moment de plaisir et d’échange, et non pas un moment de galère, entre l’enfant et le parent. Il faut aussi se faire accompagner par un professionnel, il y en a de plus en plus, même s’il faut faire le tri. Mais une fois qu’on a trouvé un professionnel qui donne des infos pertinentes, il faut continuer avec.

D’ailleurs il y a quelques semaines, j’étais dans un lycée professionnel de coiffure pour faire une conférence de sensibilisation sur le cheveu texturé (crépu, frisé, bouclé). Au départ de la conférence les élèves n’ont donné que des attributs négatifs (« de toute façon c’est un cheveu qui est difficile, qui prend du temps« ). Comme je préfère démontrer plutôt que parler, je leur ai proposé de leur montrer quelque chose de différent.

A la fin, ils m’ont dit qu’ils n’auraient jamais imaginé que ce cheveu pouvait être aussi doux au toucher, qu’en fait il n’était pas sec contrairement à ce qu’ils pouvaient croire, et qu’ils étaient étonnés de voir que l’on pouvait en faire des coiffures incroyables en seulement 15 min. A la fin ils ont tous voulu apprendre. Ils ont 13-15 ans, donc si même eux, à leur jeune âge, ils ont déjà intégré cette vision négative et limitante du cheveu bouclé, frisé, crépu, c’est bien pire pour les personnes plus âgées.

J’espère qu’avec le travail mis en place par quelques professionnels comme moi, les choses vont changer pour les générations à venir.

QUELS SONT VOS PROJETS À VENIR ?

Etant coiffeuse experte et formatrice cheveux crépus, frisés, bouclés, locksés, je veux en priorité développer des formations auprès de professionnels de tout type, pour tous ceux qui sont intéressés par cette clientèle qui a besoin d’eux, en France ou ailleurs.

Je vais aussi développer une présence un peu plus marquée sur les réseaux pour informer encore plus. Autant il y a 15 ans, il n’y avait pas d’informations, autant maintenant on est assommé par une masse incroyable d’informations qui disent tout et son contraire, et c’est très difficile pour quelqu’un qui est en recherche d’informations justement. Donc l’idée est de canaliser et de rendre l’information plus accessible.

Il y a aussi les ateliers parents-enfants qui vont redémarrer. Ces ateliers sont très importants pour informer les mamans et les enfants. Le planning sera disponible en 2020.

Un grand merci Aline Tacite d’avoir répondu à notre interview.

Vous l’avez compris, si vous cherchez un salon spécialiste des cheveux bouclés, frisés, crépus, ou des locks, n’hésitez pas à retrouver Aline et son équipe au salon de coiffure Boucles d’Ébène Studio, 3 Avenue Henri Ravera, à Bagneux dans le 92 (région parisienne). Vous pouvez aussi vous rendre sur le site internet du salon.

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A très vite !

Bouclément vôtre,

Christie

* D’après la classification des différents types de cheveux par André Walker

** Plusieurs techniques de wash&go existent, mais le principe est de réaliser un soin/application de produits qui permettent d’optimiser son dessin naturel de boucle (propre à chacun donc)

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