Salut les Boucles et Bouclettes !

C’est l’heure d’une nouvelle interview inspirante ! Eh oui, déjà. Cette fois, c’est avec Yasmine Oughlis que nous allons discuter « En Boucle etc… ».

Yasmine est animatrice télé. Son visage, son regard, sa fraîcheur, son sourire et sa chevelure bouclée vous sont sûrement familiers : elle a animé l’émission Révélations sur la chaîne Numéro 23, aujourd’hui RMC Story, de 2012 à 2018, après avoir animé différentes émissions sur les chaînes TF6, France Ô et NT1.

Depuis qu’elle a quitté la chaîne RMC Story, elle se consacre à l’écriture et la réalisation de documentaires et reportages pour la télévision. Mais notre petit doigt nous dit qu’elle n’a pas encore dit au revoir à l’animation…à suivre !

BONJOUR YASMINE, RACONTEZ-NOUS VOTRE PARCOURS, VOTRE HISTOIRE

Professionnellement j’ai commencé dans l’univers de la musique, chez Universal Music, en stage. Je n’avais pas de contact dans le domaine mais j’ai eu la chance de passer un coup de téléphone et de tomber sur quelqu’un qui a voulu me rencontrer et qui m’a proposé un stage. J’ai été ensuite embauchée par la maison de disque et j’y ai passé de super belles années en tant qu’attachée de presse à travailler pour des artistes Français et internationaux dans une équipe incroyable. Puis j’ai suivi mon patron qui voulait monter une maison de disque chez TF1, et petit à petit je me suis retrouvée à faire de la télé.

Mais en fait, quand quelqu’un se retrouve derrière une caméra, il n’y a pas de hasard. J’ai toujours été à me faire remarquer ou à être un peu au centre, donc finir derrière une caméra n’était pas complètement incohérent. Il y a eu un casting qui s’est organisé, et je me suis dit que ça serait une blague si j’y participais, mais au fond de moi j’en avais envie, donc j’ai saisi cette opportunité.

A l’époque je travaillais à la direction des programmes de TF1 avec Angela Lorente qui était la patronne de la télé-réalité, et ce qui est bien c’est que j’ai pu commencer à présenter des émissions tout en gardant mon job. J’avais besoin de m’assumer financièrement, donc je ne pouvais pas arrêter mon boulot pour faire de la présentation. Or au départ, on présente un 1er numéro, on voit si ça marche, ensuite on nous rappelle…c’est un peu comme les comédiens, c’est assez rare qu’on nous donne tout de suite une émission hebdomadaire. Donc c’est difficile d’en vivre au départ quand on n’a pas de boulot à côté.

Pour moi, ça a été quelque chose que je faisais en me disant « on verra bien », sachant que j’avais un job à côté, donc une sécurité. Puis finalement c’est venu : j’ai eu une 1ère émission sur TF6, puis plusieurs émissions sur TF6, et ensuite une émission sur NT1. Quand j’ai eu suffisamment d’émissions pour m’assurer une régularité, j’ai quitté mon job et j’ai fait de la présentation d’émissions mon métier. Tout ça entre 2010 et 2011, donc ça a été assez rapide au final. J’aimais ça, j’avais vraiment envie d’en vivre, j’ai eu la chance de progresser, de voir des choses différentes, d’émission en émission.

Ça m’a amené là où j’en suis aujourd’hui puisque je n’ai plus d’émissions que je présente, et j’ai décidé de réaliser des documentaires. Je ne dis pas que je ne présenterai plus d’émission, mais je voulais ajouter cette corde à mon arc. En avançant petit à petit, on évolue et on va vers certaines choses qui nous intéressent plus. L’émission « Révélations » que j’ai présentée pendant 6 ans m’a amenée aux interviews, à aller explorer des thèmes toujours différents. Ça a attisé ma curiosité et c’est ce qui m’a amené à vouloir réaliser des documentaires.

Crédit photo : Nathalie Guyon

RACONTEZ-NOUS VOTRE HISTOIRE CAPILLAIRE AVEC VOS CHEVEUX BOUCLÉS

Quand j’étais petite je n’avais pas les cheveux comme ça. Vers 2-3 ans, ma mère était désespérée parce que j’avais très peu de cheveux et très fin (ce qui est marrant quand on voit ce que ça a donné !). Puis j’ai eu des grosses boucles mais plutôt des anglaises, châtains claires, puis beaucoup moins de boucles. Est-ce que ça venait du fait que ma mère me brossait les cheveux, et que ça cassait la boucle, je ne sais pas. J’avais les cheveux longs mais ce n’était pas bouclé, il y avait juste une ondulation.

Mes boucles actuelles sont venues à l’adolescence, et ça a été compliqué à gérer parce que ma mère n’a pas les mêmes cheveux que moi, donc elle a dû s’adapter. Ma mère est Française, mon père est Algérien et c’est ce mélange qui a donné cette chevelure, or pour en prendre soin il faut les connaître. Je n’avais pas de copines autour de moi qui avaient le même type de cheveux. Donc au départ on était un peu démuni, et quand j’avais 12-13 ans je n’avais pas de produits spécialisés. D’ailleurs il ne devait pas y en avoir beaucoup à l’époque.

Quand ma mère m’emmenait chez le coiffeur me couper les cheveux c’était l’horreur, parce qu’avec mon type de cheveux, si on ne les coupe pas bien, ça change tout. D’ailleurs à cause de ça, j’ai toujours un problème à aller me faire couper les cheveux. Donc à l’adolescence mes cheveux me gonflaient, je les attachais pas mal. Mes copines portaient des tissages ou se faisaient des brushings. J’ai tenté aussi les brushings, mais assez rapidement je me suis rendu compte que ce n’était pas moi. Je me suis tournée vers les produits pour cheveux afro, et j’ai dû apprendre toute seule, petit à petit, et j’ai commencé à avoir les cheveux longs, avec une boucle définie. A un moment, mes cheveux sont devenus ma singularité, au même titre que mes yeux.

Jusqu’à aujourd’hui, je ne vais pas me faire couper les cheveux chez n’importe qui. J’ai juste besoin d’un coiffeur de confiance qui vienne me couper les cheveux, mais c’est tout, il ne me les lave pas, il ne me fait pas de soin, il ne me les sèche pas. Hormis la coupe, je me gère mes cheveux moi-même. En plus, quand je me lave les cheveux, je ne sais pas comment mes cheveux vont « réagir ». Mes cheveux sont une entité à part, ils font ce qu’ils veulent, ils sont indépendants, je ne les contrôle pas. Ils décident de la tête que je vais avoir, et en fonction de la boucle, ça change tout.

De toute façon la nature des cheveux change. Depuis que j’ai eu mes enfants, ma boucle a changé, j’ai besoin de les couper plus souvent et j’ai un peu moins de volume que quand j’avais 22-25 ans. D’ailleurs il n’y a pas beaucoup de femmes de plus de 50 ans avec des cheveux longs et bouclés, peut-être parce que les cheveux perdent un peu de force à partir d’un certain âge. Moi qui ai toujours eu les cheveux longs, je ne sais pas quelle tête j’aurais quand je serai un peu plus âgée, donc on s’adapte.

Avec les métissages il y aura de plus en plus de personnes aux cheveux bouclés. D’ailleurs il y a plus de produits spécifiques sur le marché qu’il y a 10 ans, même s’il y en a encore moins qu’aux États-Unis. Et les mentalités changeront par l’acceptation et l’amour de ses boucles. Mais si les filles se lissent les cheveux et n’acceptent pas leurs boucles c’est aussi parce qu’il y a un truc assez ancien dans certaines cultures, par exemple en Afrique du nord, où ça ne se faisait pas trop de garder ses boucles.

Je me souviens quand j’avais 18 ans, ma grand-mère a dit à mon père « mais pourquoi ta fille ne se coiffe jamais ? ». Je n’ai pas compris. A partir du moment où j’avais mes cheveux bouclés, ça voulait dire ne pas être coiffée. Peut-être que les femmes restaient comme ça chez elles mais quand elles sortaient elles raidissaient leurs cheveux. Alors que moi, même pour mon mariage j’ai gardé mes cheveux tels quels. Donc on peut se demander si pour ces cultures-là, se lisser les cheveux ne veut pas dire s’européaniser. A voir comment cela va évoluer et comment on va s’adapter.

COMMENT PRENEZ-VOUS SOIN DE VOS CHEVEUX ? RACONTEZ-NOUS VOTRE ROUTINE CAPILLAIRE ?

Déjà je ne les brosse jamais en dehors du moment où je vais les laver. Puis je fais un shampoing démêlant, je mets de la mousse spéciale boucles. J’utilise le sèche-cheveux avec un diffuseur, puis je mets un spray et une crème, crème que j’applique aussi en retouche quand j’ai besoin. Pour la crème j’adapte la texture en fonction des besoins de mes cheveux.

J’essaie de ne pas utiliser toujours les mêmes produits, je les alterne. D’ailleurs j’ai la chance d’aller de temps en temps aux États-Unis et j’en reviens toujours avec pleins de produits américains que je ne connais pas pour les tester. Surtout que selon où on se trouve, le cheveu n’est pas le même. Au ski, mon cheveu est une catastrophe alors que quand il fait chaud mes cheveux aiment bien.

MALHEUREUSEMENT À LA TÉLÉVISION PEU DE JOURNALISTES OU D’ANIMATEURS·TRICES ONT LES CHEVEUX BOUCLÉS, FRISÉS OU CRÉPUS AU NATUREL. ON SORT PETIT À PETIT DU DIKTAT DU CHEVEU LISSE, MAIS NIVEAU REPRÉSENTATIVITÉ ON N’Y EST PAS ENCORE. QU’EN PENSEZ-VOUS ET COMMENT ANALYSEZ-VOUS CELA ?

Les personnes se présentent telles quelles sont. Donc si une personne assume son cheveu bouclé, l’aime, se trouve jolie comme ça et fait en sorte d’être visible comme ça, elle sera comme ça à la télévision. Mais si ce n’est pas son cas, qu’elle a l’habitude de se les lisser et qu’elle se trouve plus jolie les cheveux lissés, on la verra systématiquement lissée. Il n’y a aucune contrainte imposée par les chaînes par rapport à ça. Il y a par exemple une jeune fille qui s’appelle Anaïs Grangerac, sur TF1 maintenant, elle a les cheveux très bouclés, c’est ce qui fait sa singularité, et il n’y a pas de souci. Je n’ai jamais vu aucun directeur de programme, aucun producteur dire à une présentatrice « lisse-toi les cheveux ».

Peut-être qu’ils ne choisissent pas, mais pas de manière consciente, une présentatrice parce qu’elle fait plus typée qu’une autre…mais ça, on ne le saura jamais. Pour moi, il s’agit plutôt d’une question de visibilité des « minorités », et mais c’est une autre question. J’aimerais qu’il y ait plus de représentativité des différents « physiques » qui représentent les Français et les Françaises, ce qui n’est pas encore tout à fait le cas. On dit qu’il y a du progrès, ok, mais ce n’est pas suffisant.

Les personnes qui m’écrivent aiment le fait d’être représentées par quelqu’un qui leur ressemble, et on est tous comme ça. Moi aussi je fais partie de ces minorités, et j’ai aussi attendu d’être un peu plus représentée à la télévision quand j’étais plus jeune. Je trouve qu’aujourd’hui les chaînes font pas mal d’effort dans les fictions. Quand elles produisent des séries, c’est plus mélangé et ça ressemble plus à la France.

Mais c’est un vaste sujet et tout le monde a un ressenti différent. Quand on a vécu en faisant partie d’une minorité on n’a forcément pas le même ressenti qu’une personne qui ressemble à la majorité des Français. Et ça, tout le monde ne le comprend pas. Donc je pense que pour que les minorités soient plus représentées, s’il doit y avoir un peu de discrimination positive au départ, ben ok. Et puis après ça deviendra de plus en plus normal.

VOUS ÉCRIVEZ ET RÉALISEZ DES REPORTAGES POUR LA TÉLÉVISION, CE QUI SEMBLE ÊTRE UNE PASSION. RACONTEZ-NOUS D’OÙ CELA VOUS VIENT ET COMMENT VOUS AVEZ DÉCIDÉ DE SAUTER LE PAS

C’est très simple, c’est grâce à mes rencontres avec les gens et pour faire partager aux téléspectateurs le parcours, la problématique ou la personnalité de quelqu’un que j’ai eu la chance de rencontrer. Que ce soit un artiste que j’admire et que j’ai envie de faire découvrir. Que ce soit quelqu’un qui est victime d’une injustice et que j’ai envie de partager cette injustice avec les téléspectateurs pour que l’on soit plusieurs à s’indigner par exemple. Pour moi ça part toujours d’une rencontre et de la personne que j’ai en face de moi. Ce n’est pas le scoop qui me fait avancer, c’est vraiment l’humain. C’est aussi ce qui, plus jeune, m’a fait travailler avec certaines personnes : leur personnalité, pas leur fonction. Je suis portée par l’affect.

Quand on se lance dans la réalisation, il y a une partie de préparation et d’enquête, il y a du tournage et ensuite du montage, donc il y a des choses sur lesquelles on est plus à l’aise que d’autres. J’ai écouté et demandé des conseils aux personnes avec qui j’ai travaillé et qui ont plus d’expérience que moi. Je continue à apprendre et à voir ce sur quoi je suis bien ou moins bien. Ça me donne même des idées d’émissions que je pourrais écrire, proposer et présenter. Pour l’instant je n’ai pas tourné la page de l’animation mais je n’envisage plus ça comme avant. Et d’ailleurs ça serait une erreur de le faire parce qu’il faut avouer que la télé a moins d’importance qu’il y a 10 ou 15 ans. Avec les plateformes et le digital il faut repenser le modèle, donc mon métier ne peut plus être que présentatrice.

QUELS SONT VOS PROJETS À VENIR ?

J’ai fait un sujet sur Mourad, qui est un pianiste virtuose des quartiers nord de Marseille, pour l’émission 66 minutes sur M6, mais c’était un sujet assez court de 14 minutes. Je suis vraiment restée sur ma faim parce que c’est quelqu’un qui a une histoire incroyable et qui a encore beaucoup de choses à faire et à découvrir. Donc j’ai écrit quelque chose de plus long pour pouvoir retravailler avec lui sur un reportage un peu plus profond. On est en train d’essayer de le vendre, de plancher dessus avec différents producteurs. Il y a une vraie envie de mon côté et du côté de son équipe à lui et de sa maison de disque, donc c’est vraiment un beau projet. Si ça se fait, ça sortira avant le mois de Juin.

Mourad a une personnalité hors du commun et je vois en lui un vrai message pour plein de jeunes. Il est issu de la cité de la Castellane, une des pires cité de France, zéro accès là-bas à la musique classique et au final c’est par ça qu’il va s’en sortir donc je trouve ça génial, c’est un super message ! J’ai grandi en banlieue donc ça me parle. Mes parents n’avaient aucun rapport avec le milieu de la télé, et les gens avec qui j’étais à l’école n’ont pas eu le même destin. Donc si on peut expliquer aux jeunes que la 1ère chose c’est de croire en soi, on a déjà gagné pas mal de chose.

Quand on montre des jeunes comme ça qui ont un parcours hors du commun on peut se dire « c’est possible », et il y en a un certain nombre maintenant, donc il faut en parler. Et ce n’est pas du tout moralisateur, c’est surtout qu’il faut d’abord s’intéresser à eux. Il y a des quartiers qui sont oubliés en France, c’est normal qu’ils se sentent mis de côté, donc si on peut mettre en lumière des gens qui ont eu un début de vie un peu similaire, on se dit que peut-être ça va en inspirer certains. Je veux faire du positif.

Un grand merci Yasmine Oughlis d’avoir répondu à notre interview.

Vous pourrez retrouver Yasmine Oughlis très prochainement avec ce documentaire dont on attend la sortie avec impatience.

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A très vite !

Bouclément vôtre,

Christie