Salut les Boucles et Bouclettes !

Aujourd’hui pour notre nouvelle interview, c’est avec Corinne Katché que nous allons discuter « En Boucle etc… ».

Forte de plusieurs années d’expérience en gestion de projet, Corinne est une pro du digital, de la communication et du webmarketing, mais aussi des relations presse et de l’évènementiel.

En 2011 elle décide de fonder avec une amie My Afro’Week, la 1ère plateforme regroupant les évènements mettant en valeur les cultures Africaine (francophone et anglophone), Caribéenne et Latine. De la musique au sport, de la beauté à la mode, l’objectif est de créer un lieu de rencontre entre entrepreneurs, passionnés, amateurs et curieux, bref, My Afro’Week est l’agenda des bons plans de la culture Afro dans sa globalité !

Maman d’un garçon de 5 ans, en plus de My Afro’Week Corinne est chargée de clientèle pluri-média dans un groupe média, et a lancé l’année dernière son auto-entreprise de conseil en stratégie de communication pour les entreprises. Une mompreneure bien occupée, au style bien affirmé et qui est de tous les évènements afro de Paris. Si vous êtes en région parisienne, vous ne pouvez pas la louper.

BONJOUR CORINNE, RACONTE-NOUS TON PARCOURS ET TON HISTOIRE ?

J’ai un diplôme universitaire en marketing et communication et j’ai toujours été attirée par la culture africaine depuis mon enfance. Je suis d’origine togolaise et ivoirienne, je suis née au Togo. J’ai grandi en France, et le Togo et l’Afrique ont toujours été présents en filigrane.

Pendant mes études, j’ai entendu parler des évènements Boucle d’Ébène lors de leur 2ème ou 3ème édition. Ils avaient fait venir des personnalités américaines et anglophones. C’était un rendez-vous de la diaspora afro ici en France. J’ai adoré !

Quelques temps plus tard, j’ai contacté une des personnes de l’équipe des évènements Boucle d’Ébène, qui avait depuis créé son agence de communication/évènementiel, pour effectuer un stage et pouvoir organiser des évènements de ce type. Ce premier stage m’a permis de découvrir tout un réseau culturel d’entrepreneurs afro français. Cette période a coïncidé avec l’arrivée des réseaux sociaux en France, et comme j’ai une appétence pour tout ce qui touche à la communication, aux relations humaines et sociales, les réseaux ont apporté un changement majeur puisqu’ils m’ont aidé à me connecter et rencontrer des personnes qui partagent les mêmes passions.

Les réseaux sociaux sont vraiment arrivés au bon moment pour moi. J’ai évolué avec ça, en commençant par les chats, Skyblog, My Space, etc…A l’époque j’avais un Skyblog qui s’appellait Groovylady, j’écrivais sur des thèmes très panafricains : l’Afrique, mes coups de cœur, mes coups de gueule, les cheveux naturels, etc…

COMMENT DÉFINIRAIS-TU TON HISTOIRE CAPILLAIRE AVEC TES CHEVEUX CRÉPUS ?

C’est une histoire d’amour.

Enfants, on nous défrisait les cheveux, je ne sais même plus pour quelles raisons. En grandissant, c’était pour faire comme tout le monde. A 15 ans, on est allé chez un coiffeur pour défriser encore une fois mes cheveux. Ma chance est que je suis tombée sur un coiffeur honnête. Il a refusé de me défriser en me disant que j’étais trop jeune, et qu’en plus mes cheveux étaient trop abîmés. Il m’a proposé de les couper pour leur permettre de repousser sur des bonnes bases…je me suis donc laissée faire.

Et je me suis rendue compte que j’aimais bien ma nouvelle coiffure. Je me suis sentie beaucoup mieux ! Et j’ai adopté la coiffure afro.

COMMENT PRENDS-TU SOIN DE TES CHEVEUX ? RACONTE-NOUS TA ROUTINE CAPILLAIRE ET QUELLE EST TON ASTUCE POUR AVOIR DES CHEVEUX SAINS ?

Pour mon type de cheveux crépus, il faut 3 sortes de produits différents : des produits pour hydrater, pour nourrir et pour laver. Pour hydrater j’utilise un lait capillaire, pour nourrir j’utilise des huiles ou du karité que j’applique sur cheveux hydratés, et pour laver j’utilise des shampoings très doux et hydratants. Je n’ai pas énormément de produits, je préfère une routine très simple avec des produits très naturels.

TU AS ÉTÉ UNE MEMBRE ACTIVE DES DÉBUTS DU MOUVEMENT NAPPY* EN FRANCE, ET NOTAMMENT SUR PARIS, AUTOUR DES ANNÉES 2010. RACONTE-NOUS COMMENT TOUT CELA A DÉMARRÉ ?

Le mouvement Nappy vient des Etats-Unis. La France a suivi le mouvement via les réseaux sociaux par les blogs des américaines. Puis au fur et à mesure les françaises s’y sont mises : création de forum, de blogs, de groupes, et c’est comme ça que la communauté Nappy a grossi en France.

Comme je savais coiffer, et avec l’arrivée des réseaux sociaux où chacun pouvait avoir sa « tribune » et être écouté et suivi, je montrais sur mes réseaux ce que je savais faire, je montrais les photos des types de coiffure que je réalisais. Au fur et à mesure je recevais des demandes pour faire des coiffures sur cheveux naturels, et même si j’avais une autre activité à côté, chaque soir je coiffais quelqu’un. J’ai aidé pas mal de personnes sur le soin de leurs cheveux naturels en donnant des conseils par rapport à ce que je faisais moi-même pour mes cheveux.

Des pages Facebook se sont créées, comme la page « Beauté Afro ». La créatrice de la page organisait un pique-nique l’été auquel énormément de gens participaient. Ça m’a permis de rencontrer beaucoup de monde dans le réseau des Nappy.

DU COUP, JE DOIS TE POSER LA QUESTION…AYANT PARTICIPÉ AUX DÉBUTS DU MOUVEMENT EN FRANCE : POUR TOI, LE MOUVEMENT NAPPY EST UN EFFET DE MODE OU UNE « RÉVOLUTION » DURABLE ?

Je pense que c’est un peu les deux. Si derrière le mouvement Nappy on met un engagement ou une prise de conscience d’estime soi, alors les mentalités ont effectivement changé sur ça. Les femmes n’ont plus peur d’arborer leurs cheveux naturels, certains noms de coiffure sont rentrés dans les mœurs (twist out, afro puff, etc…), toute génération confondue.

Mais c’est aussi une mode. Beaucoup de personnes ont utilisé ce mouvement comme une opportunité pour changer leur stratégie de communication par exemple, en particulier les grands groupes. Et d’autres ont surfé sur cette vague pour sortir des produits soit disant adaptés aux cheveux naturels. On verra dans dix ans où cela nous mène.

TU AS CO-FONDÉ MY AFRO’WEEK EN 2011. D’OÙ T’EST VENUE L’IDÉE ET QUEL EN ÉTAIT L’OBJECTIF ?

A la fin de mes études, avec une amie, on s‘est dit « tiens, y’a plein de blogs, les bloggeuses participent toujours à des bons plans, elles font toujours des photos des événements auxquels elles participent, et donc on se rend compte que l’on n’était pas au courant des événements qui ont eu lieu ». Et on a eu l’idée de créer une plateforme rassemblant les événements de la culture afro, pour que les gens soient au courant de ce qu’il se passe dans la vie afro parisienne.

On a commencé par un petit blog sur Tumblr et sur les réseaux sociaux comme Facebook, mais il y avait tellement d’évènements à couvrir et de sollicitations que l’on postait tout le temps, tous les jours. L’équipe a commencé à grossir puis nous avons créé le site web en 2016. Aujourd’hui, My Afro’Week est une équipe de 4 à 10 personnes en fonction du nombre d’évènements à gérer.

Mais pour en revenir à la création, les années 2010-2011 ont été une période d’effervescence dans le milieu entrepreneurial afro, et beaucoup de projets ont vu le jour à ce moment-là dans différents domaines comme la beauté, les média, l’entrepreneuriat, la cuisine, la mode (comme la mode du wax), des ateliers, des expo-ventes et autres, même si certains projets n’existent plus aujourd’hui. En fait il y a eu un besoin et une volonté de la communauté afro de se créer les opportunités que l’on ne leur laissait pas forcément, et surtout de montrer qu’elle pouvait aussi créer des projets viables. Donc il y a aussi eu un effet domino. A force de voir des gens dans la communauté qui entreprenaient, ça donnait envie d’entreprendre.

TROUVES-TU QU’IL Y A ENCORE DES FREINS AUJOURD’HUI À L’ENTREPRENEURIAT DES FEMMES ? EN AS-TU RENCONTRÉ ?

Au début je n’assumais pas le côté « je suis entrepreneure », surtout que My Afro’Week est né d’un travail à deux. Mais en fait je me suis dit « tu coordonnes une équipe, tu distribues les tâches, tu fais des plans de communication, tu organises des événements, tu contactes des gens, il y a un aspect managérial ». Et là j’ai réalisé qu’il ne manquait pas grand chose pour me considérer comme entrepreneure.

Donc pour moi, mon principal frein a été de suivre ma passion pour les évènements et le monde afro, en offrant un service (My Afro’Week) sans avoir fait de business model durable. Il faut développer une vraie vision business, se projeter, s’organiser et anticiper les plans de développement. C’est aussi un frein quand nos clients ne sont pas non plus dans une vision business.

En parallèle, grâce à mon expérience My Afro’Week, je me suis lancée en statut auto-entrepreneur. J’ai réalisé des prestations de conseils en communication digitale, événementiel et accompagnement événementiel pour des entrepreneurs. Ce sont des missions ponctuelles, et un bon second revenu sans être mon métier à plein temps. Mais gérer sa vie de mère et de femme reste le moins simple…l’organisation est la clé !

EN PARALLÈLE DE MY AFRO’WEEK, TU AS DONC DEUX AUTRES ACTIVITÉS. QUELLES SONT TES ASTUCES POUR RÉUSSIR À MENER DE FRONT TOUT CELA ?

Mon activité principale est mon métier de chargée de clientèle pluri-média. Heureusement My Afro’Week s’est structuré donc je n’ai plus besoin d’y consacrer autant de temps qu’avant, sauf quand il y a de gros évènements à préparer. My Afro’Week c’est mon loisir, mais qui m’aide à renforcer mon activité principale en apportant de l’expérience et donc de la crédibilité.

Honnêtement c’est de l’organisation. Mais clairement ça dépend des périodes. En particulier les périodes où il y a de gros évènements à organiser avec My Afro’Week, je sais que ce sont des périodes assez épuisantes, donc à ce moment-là je ralentis sur le reste. C’est périodique, c’est beaucoup d’organisation mais il faut aussi savoir s’arrêter à certains moments, en particulier quand le corps le demande.

QUELS SONT TES PROJETS À VENIR ?

L’objectif est d’amener My Afro’Week à une nouvelle étape, et de proposer un service qui colle à la demande de notre clientèle. On a besoin de renouveler My Afro’Week et de développer un nouveau business model, avec plus de partenariats et d’associations monétisables, en utilisant notamment mes compétences en conseil en communication digitale et événementiel auprès de nos clients.

SI TU AVAIS UN LIVRE, UN ALBUM OU UNE SORTIE (EXPO, MUSÉE, THÉÂTRE, CINÉ, CONCERT, SPECTACLE…) COUP DE CŒUR À NOUS RECOMMANDER, ÇA SERAIT QUOI ?

Le livre que j’ai adoré cette année c’est « Sagesses africaines – Trouver un but à sa vie grâce à la nature, au rituel et à la communauté » écrit par le chaman Malidoma Patrice Somé, qui est originaire du Burkina Faso, de la tribu des Dagaras. Il retranscrit parfaitement l’état d’esprit de la culture spirituelle africaine (par exemple l’importance de la communauté), et c’est une vraie science. Je conseille fortement ce livre.

Côté musique, il y a le dernier album de Burna Boy qui m’a vraiment marqué. D’ailleurs Burna Boy est en concert à l’Olympia ces 29 et 30 Octobre, mais malheureusement c’est déjà complet. Il y a aussi Wizkid qui était en concert sur Paris le 26 Octobre. Et côté ciné, il y a le film « Banlieusards » de Kery James qui vient de sortir sur Netflix et qui cartonne. Je ne l’ai pas encore vu, mais on m’en a beaucoup parlé.

Un grand merci Corinne d’avoir répondu à notre interview.

Vous pouvez retrouver tous les bons plans culture sur le site web de My Afro’Week, ou sur leurs pages Facebook et Instagram.

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A très vite !

Bouclément vôtre,

Christie

*Le mouvement Nappy vient du « Natural Hair Movement » né aux États-Unis dans les années 2000. Le mot « nappy » est la contraction des mots « natural » et « happy ». Les Nappy sont donc des femmes afro-descendantes qui ont décidé d’arrêter de se défriser les cheveux pour les garder au naturel, basé sur une dimension importante d’acceptation de soi.

A savoir que tous les termes, que nous utilisons aujourd’hui pour parler de nos cheveux bouclés, frisés ou crépus, comme « big chop », « transition », « twist out », « braid out », « shrinkage », « co-wash » et bien d’autres découlent de ce mouvement, qui au départ ne concernait que les cheveux crépus, mais qui au final a été utile pour tous les cheveux bouclés, frisés et crépus.