Oyez ! Oyez !

Aujourd’hui on inaugure une nouveauté : les interviews « En Boucle etc… » !

Lors des interviews nous discuterons de cheveux bouclés, frisés et crépus évidemment, mais pas que ! On y parlera aussi de tous les sujets liés à la thématique du cheveu et qui nous tiennent à cœur : estime de soi, bien-être, émancipation de la femme, entrepreneuriat, carrière, transmission aux plus jeunes, santé, sport, culture, voyage, musique, développement personnel, faits de société, bref beaucoup de sujets passionnants !

Pour cette première, c’est avec Aude Livoreil-Djampou que nous allons discuter « en boucle ».

On ne la présente évidemment plus. Docteure en chimie, après 17 ans de carrière chez L’Oréal dans la conception de produits capillaires et le pilotage de projets partout dans le monde, elle décide de fonder le salon Studio Ana’e sur Paris en 2015. Le studio Ana’e est un salon spécialisé sur tous les types de cheveux, du plus raide au plus crépu (« Ana’e » veut dire « Tous » en Tahitien).

Mais plus qu’un salon multitexture, Studio Ana’e est aussi un centre de formation aux techniques de soin et de coiffure des cheveux bouclés, frisés et crépus pour les professionnels de la coiffure. Donc en plus de son doctorat, Aude a beaucoup d’autres casquettes : coiffeuse diplômée, formatrice et consultante certifiée, entrepreneure et maman de 3 enfants, bref un parcours passionnant.

BONJOUR AUDE, RACONTEZ-NOUS VOTRE PARCOURS ET VOTRE HISTOIRE ?

J’ai fait des études de chimie, j’ai un diplôme d’ingénieur chimiste. J’ai toujours eu envie de travailler dans les cosmétiques parce que j’aimais beaucoup la matière. Puis j’ai fait une thèse à Strasbourg sur la recherche fondamentale et une année au Japon juste après ma thèse. C’est là-bas que j’ai réellement compris ce que c’était que d’être visiblement différent par rapport à la majorité de la population, ce que je n’avais jamais ressenti en France étant blanche. Cette expérience m’a marquée. Puis je suis rentrée chez L’Oréal, où je suis restée 17 ans. J’ai occupé des postes différents en recherche, en me rapprochant de plus en plus du marché, c’est ce qui m’intéressait le plus.

J’ai notamment été responsable d’équipe sur tout ce qui touchait au traitement de changement de forme du cheveu (permanente, lissage, défrisage), ce qui m’a amené à travailler notamment avec des équipes au Brésil et aux États-Unis sur le lissage et défrisage. Lors de ses déplacements j’ai été bluffée. J’ai vu travailler des grands professionnels de la coiffure des cheveux bouclés, frisés et crépus. Aux États-Unis, ils avaient une très grande maîtrise technique du cheveu frisé, crépu, mais dans des salons spécifiques. Alors qu’au Brésil, j’ai découvert des salons où ils travaillent toutes les textures de cheveux avec une maîtrise extrêmement étonnante.

COMMENT LA THÉMATIQUE DES CHEVEUX BOUCLÉS, FRISÉS ET CRÉPUS EST RENTRÉE DANS VOTRE VIE ?

A peu près au même moment, j’ai rencontré mon mari qui est Français d’origine Camerounaise, et 2 ans plus tard nous avons eu notre 1ère fille. Quand elle a eu 4 mois ses cheveux ont commencé à boucler. Ayant les cheveux raides, je ne savais pas du tout comment m’en occuper. Et tout s’est télescopé : en même temps que je découvrais de grands professionnels des cheveux bouclés, frisés, crépus au Brésil et aux États-Unis, j’étais chez L’Oréal où je travaillais dans un salon pour tester nos prototypes avec une équipe de 90 coiffeurs, mais personne n’était capable de me dire comment coiffer les cheveux de ma fille. Ça m’a beaucoup surpris. Et c’est là où j’ai commencé à comprendre qu’en France on faisait des cloisonnements, sauf que le cloisonnement allait exploser de lui-même du fait du mélange des populations, et que la demande sur les cheveux bouclés, frisés et crépus allait forcément augmenter.

A l’époque on faisait de la salsa, et en discutant avec des amies afro-antillaises de la danse, elles me disaient qu’elles avaient le même problème pour leur cheveux. Elles ne trouvaient pas où aller se coiffer, elles se débrouillaient toutes seules en regardant sur internet. C’est là que le projet à commencer à germer dans ma tête, et en même temps je me disais qu’on ne pouvait pas avancer tant qu’on ne formait pas sur le cheveu bouclé, frisé, crépu. Donc j’ai commencé à rencontrer des coiffeurs professionnels (TAJ, Gilles Boldron, Eric Rosso, etc…) qui me disaient tous qu’ils étaient partis se former ailleurs (aux États-Unis, en Angleterre, aux Antilles).

Puis en 2014, j’ai même fait le tour des hôtels de luxe pour savoir si c’était un problème d’argent, me disant qu’il y avait peut-être des personnes qui savaient s’occuper de ce type de cheveux mais dans des endroits où ça coûte cher. Mais même les concierges des hôtels de luxe m’ont confirmé qu’ils ne savaient pas quoi recommander à leurs clients qui leur demandaient où trouver des coiffeurs spécialisés. Là j’ai compris que la situation était catastrophique, alors qu’on était en 2013-2014, sous la présidence Obama ! Je me suis dit que si Michelle Obama venait demain à Paris et demandait à son hôtel où elle pouvait se faire coiffer, on ne saurait même pas quoi lui répondre. C’était incroyable !

N’oublions pas qu’en France, c’est un sujet qui est lié à un problème social, éthique, de représentation nationale, de conception de la population française. Et tout en découle, dans les écoles de coiffure et de maquillage. Mais aussi dans la couleur des pansements, des collants et des sous-vêtements par exemple qui ne sont pas adaptés pour les couleurs de peaux métissées et noires. Donc je me suis dit « c’est le bazar, ce n’est pas ça que je veux, je ne peux pas changer le monde mais je connais le cheveu », et j’ai cherché ce que je pouvais faire à mon échelle.

Au début j’ai voulu ouvrir une académie de coiffure, sauf que les académies de coiffure sont basées sur des personnalités du monde de la coiffure, qui ont 20-30 ans d’expertise dans le métier, donc mon profil, même venant de L’Oréal et experte du cheveu, ne collait pas du tout. Voilà pourquoi j’ai ouvert le salon en 2015, pour faire reconnaître l’expertise sur cheveu bouclés, frisé et crépu. D’abord notre enjeu a vraiment été de bien faire comprendre à la presse que notre salon est un salon multitexture, non pas uniquement pour les cheveux crépus et non pas uniquement pour les cheveux lisses. Mais au fur et à mesure, le message est bien passé.

PAR RAPPORT À VOTRE MÉTIER ET VOTRE HISTOIRE PERSONNELLE, QUE PENSEZ-VOUS DE L’ÉVOLUTION DE LA SOCIÉTÉ SUR L’ACCEPTATION DES CHEVEUX BOUCLÉS, FRISÉS ET CRÉPUS ?

Les choses changent, les gens sont là, ils s’organisent, ils ont des besoins, et heureusement il y a internet. La jeune génération est là, et elle veut changer les choses, elle veut vivre sa boucle, mieux comprendre et assumer ses cheveux. Donc ça c’est fait, c’est gagné.

Pour les professionnels, ça va prendre un peu plus de temps, mais l’important c’est que ça avance. C’est sur le terrain que l’on fera changer les choses, parce que la demande est là et les consommateurs sont là. On voit déjà des changements marketings depuis quelques années, avec de plus en plus de personnes aux cheveux bouclés, frisés ou crépus présentes dans les publicités par exemple, ce qui n’était pas le cas avant. Même si on sait que ces changements sont faits pour des raisons purement économiques (il y a un marché présent, donc on change le message), l’important c’est que ça change. Mais il faut prendre en considération que ça va encore prendre du temps.

ON SAIT QUE VOUS VOUS BATTEZ DEPUIS DES ANNÉES POUR QUE LA CONNAISSANCE ET LA PRATIQUE DE SOINS/COIFFURES SUR LES CHEVEUX BOUCLÉS, FRISÉS ET CRÉPUS AU NATUREL SOIENT ENFIN INCLUSES DANS LA FORMATION DES COIFFEURS EN FRANCE.
RACONTEZ-NOUS EN QUOI CONSISTE CE COMBAT, ET QUELLES SONT LES PROCHAINES ÉTAPES POUR QUE CELA CHANGE ENFIN ?

J’ai travaillé pendant un an et demi avec l’administration de la fédération de la coiffure. L’idée était de créer une formation optionnelle complémentaire dans le programme classique, pour que les futurs coiffeurs qui souhaitent se spécialiser sur les cheveux bouclés, frisés et crépus puissent le faire, contrairement à aujourd’hui. Malheureusement on ne peut pas l’inclure directement dans le programme, car non seulement il n’y a pas suffisamment de professeurs en France formés pour enseigner cette thématique, mais qu’en plus ça serait compliqué à intégrer dans le programme actuel qui est déjà très chargé et très dense.

Donc créer une formation optionnelle serait la solution pour ne pas trop perturber le système et le fonctionnement actuel, tout en créant un effet boule de neige puisque les apprentis ayant choisi cette option pourront se former dans des salons qui eux sont spécialisés sur les cheveux bouclés, frisés et crépus, et y acquérir les techniques. Ils pourront donc eux-mêmes ouvrir des salons pratiquant ces techniques, y accueillir des apprentis et leur enseigner à leur tour ces techniques, et ainsi de suite. C’est ce qui s’est passé en Angleterre, où la formation était optionnelle pendant 25 ans, et vient d’être intégrée au programme général depuis peu de temps.

J’ai créé et mis à la disposition de l’administration tout le matériel pédagogique pour développer cette formation optionnelle, mais depuis je n’ai pas de nouvelle de leur part. Ils ont suspendu le dossier pendant 2 ans, et en attendant le nouveau programme du CAP Coiffure vient de sortir sans y intégrer l’option sur les cheveux bouclés, frisés ou crépus. Comme je le disais, ça prendra du temps, mais pour moi l’important c’est de continuer à faire passer le message sur le terrain parce que c’est sur le terrain que l’on arrivera à faire changer les choses.

Les gens ont des a priori négatifs sur les cheveux bouclés, frisés et crépus alors qu’en fait ils ne les connaissent tout simplement pas. Quand on reçoit des élèves coiffeurs au salon, ou quand j’anime des conférences dans les écoles de coiffure, on se rend compte qu’ils n’ont jamais vu ou observé dans leur parcours le travail de grands professionnels de la coiffure sur les cheveux bouclés, frisés ou crépus.

On leur montre des shows de grands coiffeurs professionnels, des shootings, des films de collection et ils adorent ! Ils découvrent beaucoup de choses et surtout se rendent compte que c’est un vrai art, comme pour d’autres textures de cheveux. Ce qui m’a beaucoup touché par exemple c’est que j’ai formé cet été tous les professeurs du CFA du 94 en région parisienne, et la directrice pédagogique qui est une coiffeuse très pointue, très calée, a trouvé la formation géniale et très inspirante ! Donc c’est en montrant les choses, en expliquant, en discutant, en expérimentant, en échangeant que les choses changeront.

DU COUP, CETTE PROCÉDURE N’AVANÇANT PAS TRÈS VITE, VOUS AVEZ DÉCIDÉ DE LANCER VOTRE PROPRE FORMATION DIGITALE. RACONTEZ-NOUS EN QUOI CETTE FORMATION CONSISTE ?

La formation digitale est effectivement en projet, ce sera une formation pour les particuliers et les professionnelles. Nous avons une 1ère version test qui est un coaching et un suivi capillaire mais notre ambition à terme est en effet d’avoir une vraie école digitale. Mais pour la développer et la déployer, nous avons besoin de financements, et trouver des financements pour développer une formation sur les cheveux bouclés, frisés, crépus reste encore très compliqué, même en 2019, tout comme ça avait été très compliqué en 2015 pour ouvrir le salon (nous n’avions d’ailleurs pas eu de financements à l’époque).

QUELS CONSEILS OU ASTUCES DONNEZ-VOUS À VOS ENFANTS POUR LE SOIN DE LEURS CHEVEUX ?

Les cheveux de type 3*, en particulier fins, s’emmêlent très vite, parfois même plus vite que les cheveux de type 4* qui eux restent un peu plus compact, moins mobiles.
Dans tous les cas, le démêlage est très important, il ne faut surtout pas le faire à sec mais avec un soin ou un spray. Le principal c’est d’avoir une bonne routine capillaire au quotidien, utiliser un shampoing doux, un après-shampoing, bien démêler sur cheveux mouillés, bien rincer, puis mettre un soin leave-in (un lait, une crème ou un gel, en fonction de la frisure) pour bien apprêter les cheveux, en particulier le soir pour éviter les nœuds.

QUELLE EST LA QUESTION OU LA REMARQUE QUE VOUS ENTENDEZ LE PLUS SOUVENT DE LA PART DES CLIENTS DE VOTRE SALON ?

Il y a beaucoup de désarroi dans la voix de certains clients, et le vocabulaire utilisé pour parler de leurs cheveux est très négatif, comme « mes cheveux sont ingérables » par exemple.

QU’EST-CE QUI, POUR VOUS, EST LE PLUS IMPORTANT DANS LE SOIN DE NOS CHEVEUX BOUCLÉS, FRISÉS ET CRÉPUS ?

Le plus important c’est de bien comprendre la matière de ce cheveu, et d’admettre la nature du cheveu comme elle est, l’aimer, avoir un regard positif sur son cheveu. Je me souviens de cette cliente qui m’a demandé comment faire pour empêcher le shrinkage**, je lui ai répondu de commencer par l’accepter parce que ça fait partie de la nature du cheveu. Il faut changer notre façon de voir et de penser le cheveu bouclé, frisé et crépu. Nous ne sommes pas là pour dompter nos cheveux, ça ne doit pas être une lutte.

C’est un cheveu qui a besoin d’être entretenu parce que plus on l’entretient et plus il est facile à manipuler. Donc il faut y dédier un peu de temps plus souvent (5-10min le soir, 5-10min le matin) pour y passer moins de temps le jour du soin, et surtout faire les bons gestes dans le bon ordre.

AU CONTRAIRE, QUELLE EST L’ERREUR QUE NOUS FAISONS LE PLUS SOUVENT ?

Appliquer des techniques qui conviennent aux cheveux raides sur des cheveux texturés, comme démêler ses cheveux à sec ou tous les jours. C’est peut-être adapté pour des cheveux lisses mais ça n’a aucun sens de le faire sur cheveux bouclés, frisés ou crépus. C’est comme une voiture manuelle et une voiture automatique, on ne les conduit pas du tout de la même façon, et si vous utilisez les manœuvres d’une voiture automatique sur une voiture manuelle, ça ne va pas bien se passer. Pour les cheveux raides et les cheveux texturés, c’est pareil.

Il faut aussi changer notre regard sur ce type de cheveux et arrêter d’en parler en utilisant des termes négatifs. Non, ces cheveux ne sont pas compliqués ou ingérables, au contraire c’est un cheveu ultra-coiffable, on peut faire tout ce qu’on veut avec ce type de cheveux et c’est ça qui le rend génial.

Il faut aussi arrêter de penser qu’un cheveu bouclé, frisé ou crépu laissé libre ou lâché, pour aller dormir par exemple, ne va pas poser de problème et que le lendemain matin tout va bien se passer, on va pouvoir mettre en place ses boucle facilement. C’est faux. Le cheveu bouclé, frisé et crépu est un cheveu qui a besoin d’être apprêté, d’être préparé. Notamment le soir, il ne faut surtout pas les laisser lâchés, libres pour aller dormir sinon c’est compliqué. Il vaut mieux prendre 5-10 minutes le soir pour se faire 2 tresses ou quelques vanilles, et le lendemain matin reprendre 5-10 minutes si on veut les défaire, quitte à vaporiser un peu d’eau avec de l’huile ou un leave-in, et mettre en place ses boucles facilement. Il faut vous faciliter les matins.

ON ENTEND SOUVENT JUSTEMENT QUE LES CHEVEUX BOUCLÉS, FRISÉS ET CRÉPUS SONT COMPLIQUÉS, DIFFICILES, QUE C’EST DUR D’EN PRENDRE SOIN, QU’ILS DEMANDENT BEAUCOUP DE TEMPS…QUE RÉPONDEZ-VOUS À CELA ?

Les gens disent ça simplement parce qu’ils ne connaissent pas ces cheveux. Ils ont déjà un a priori psychologique négatif, du coup au moment du soin c’est une bataille, il n’y a pas de patience, du coup ça rend le soin difficile, et ça se passe forcément mal. Souvent quand les gens nous appellent en disant « les cheveux de ma fille sont ingérables », en discutant avec eux 2 minutes, on se rend compte qu’ils ne font pas les bons gestes dans le bon ordre.

C’est vrai que le cheveu bouclé, frisé et crépu demande un peu plus de temps, mais c’est bien ! C’est un cheveu avec lequel on peut tout faire, toutes les coiffures, c’est une matière géniale, et en contrepartie il faut lui dédier un peu de temps. Seulement, il faut la connaître et l’accepter telle qu’elle est. Et puis ce n’est pas un cheveu compliqué contrairement à ce qu’on dit, je vous assure que couper un cheveu raide, ça peut être très galère aussi !

Au salon, on repart toujours du cheveu et on simplifie les problèmes. Parfois on se rend compte que les problèmes font appel à un mal être plus profond. Notre but est vraiment d’accompagner les personnes et de leur laisser le choix. Quand elles viennent nous voir un peu désemparées, on leur explique les caractéristiques des cheveux, comment en prendre soin et c’est souvent qu’au final elles nous disent « et c’est tout ce qu’il y a à faire ? Ah, ce n’est pas compliqué en fait ! ». Mais si nos clients ne se sentent pas encore prêt à passer le cap des cheveux au naturel, ce n’est pas grave, on n’est pas dans le diktat, mais au moins ils savent qu’on est là s’ils ont besoin d’être accompagnés.

Y-A-T-IL DES MOYENS, DES FAÇONS DE SE SIMPLIFIER LE SOIN DE SES CHEVEUX BOUCLÉS, FRISÉS OU CRÉPUS ?

Comme je disais, il faut y dédier un peu de temps plus souvent (comme le soir) pour que ce soit plus simple le jour du soin et les matins. Au salon, nous commençons par des conseils simples pour renouer avec son cheveu et réapprendre à le connaître.

QUELS SONT VOS PROJETS À VENIR ?

Tout d’abord continuer à développer le salon, nous avons 6 personnes maintenant et une activité très dense. Il y a en ce moment 3 à 4 semaines d’attente sur les rendez-vous, donc nous devons structurer tout cela. On doit aussi évidemment continuer à former et à consolider nos formations, nous avons beaucoup de demande là-dessus de la part d’écoles ou de professionnels. Nous allons lancer une chaîne Youtube, nous sommes en train d’écrire tout le matériel pédagogique. Nous avons aussi pour objectif d’ouvrir un 2ème salon, probablement à Bruxelles, mais il y a un certain nombre de choses à organiser avant cela. Nous avons aussi beaucoup de demandes de l’Algérie, du Cameroun, de la Réunion, de Nouvelle-Calédonie, et de Madagascar pour des formations à distance mais là il y a toute la partie financement à travailler.

ET POUR LES MÈRES QUI NOUS LISENT, QUEL(S) CONSEIL(S) DONNERIEZ-VOUS À D’AUTRES MAMANS QUI ONT DES RYTHMES DE TRAVAIL SOUTENUS, SONT SOUVENT EN DÉPLACEMENT (COMME VOUS L’AVEZ SOUVENT ÉTÉ JE SUPPOSE) OU QUI VEULENT CRÉER LEUR ENTREPRISE ?

Personnellement je suis très organisée, et j’applique les méthodes que j’ai apprises chez L’Oréal. Je fonctionne avec 2 listes de tout ce que j’ai à faire, une liste des grandes tâches et une liste des micro-tâches (les tâches du quotidien). Il faut surtout ne se donner que ce que l’on est capable de faire. Il faut se donner des objectifs qui sont atteignables, ce que l’on appelle des objectifs SMART (Spécifique-Mesurable-Atteignable-Réalisable-Temporel). Ça ne sert à rien de se dire qu’on va terminer son prévisionnel pour la fin de la semaine si on sait qu’on a un enfant malade et qu’on va devoir le garder 2 jours dans la semaine. C’est mort ! Donc il faut être très réaliste, très pragmatique dans les objectifs que l’on se donne, et bien se connaître. Connaître les domaines dans lesquels on est bon, et pour les domaines dans lesquels on n’est pas bon, surtout il faut aller chercher de l’aide.

Ça ne sert à rien de vouloir être une wonderwoman, l’important est de trouver son mode de fonctionnement. Si on n’est pas très organisé, ce n’est pas grave, mais dans ce cas ça ne sert à rien de vouloir appliquer une liste de tâche, ça ne fonctionnera pas, on ne les suivra pas. Un autre point important est de savoir identifier chez les autres les compétences que l’on n’a pas soi-même. On est comme on est, c’est comme le cheveu, il faut le prendre comme il est, le connaître et agir en fonction.

Et en particulier pour celles et ceux qui veulent créer leurs entreprises, pensez à intégrer l’importance du temps dans son projet. On veut nous montrer sans cesse des exemples d’entreprises qui se montent très vite et qui fonctionnent très vite, des success stories comme quoi c’est simple et facile, alors qu’en fait ça ne se passe pas du tout comme ça dans la réalité, vous n’allez pas vous éclater, vous aller en baver ! Le chemin est long. C’est comme cette image que l’on voit sur les réseaux sociaux avec un iceberg : il y a la partie de l’iceberg que l’on voit représentant la réussite, mais il ne faut pas oublier toute la partie immergée qui montre le temps à y passer, les déceptions, la peur, les échecs, etc…C’est important de savoir pour quelles raisons on veut être entrepreneure, est-ce que c’est par orgueil, par besoin de reconnaissance, ou pour une autre raison ? Il faut connaître la vrai raison des choses, parce qu’en fonction ça ne sert peut-être pas de monter une boîte, il y a peut-être autre chose de plus simple à faire.

Un grand merci Aude d’avoir répondu à cette interview. On suivra bien sûr tous vos projets avec beaucoup d’attention.

Si vous cherchez un salon sur Paris où l’on sait parfaitement s’occuper de tous les types de cheveux, y compris des cheveux bouclés, frisés et crépus, n’hésitez pas à vous rendre au salon Studio Ana’e, au 11bis rue des Carmes dans le 5ème à Paris. Vous pouvez aussi allez sur le site internet du Studio Ana’e. Mais attention, le salon est victime de son succès, alors prenez-vous y à l’avance pour réserver.

A très vite sur le blog pour un nouvel article passionnant, ou sur le groupe facebook Mes Boucles Légères !

Capillairement vôtre,

Christie

*D’après la classification des différents types de cheveux selon André Walker

**Le shrinkage est cette capacité qu’ont les cheveux bouclés, frisés et crépus (mais en particulier frisés et surtout crépus) à rétrécir quand ils ne sont pas étirés et sous l’effet de différents facteurs (comme l’eau ou l’humidité).